Montagnards et paysans en furent les premiers adeptes pour des raisons purement usuelles. Rare est le Savoyard qui n'ait pas dans sa poche un Opinel pour tailler les plantes ou tout simplement pour couper une tranche de tomme ou de saucisson pour son déjeuner... En un siècle, l'Opinel est devenu un nom commun, que l'on retrouve dans les oeuvres de Giono, Sabatier, Dard, Jean Dutourd, ou dans le cinéma et même les chansons de Renaud. Car depuis longtemps il ne s'agit plus d'un simple produit industriel mais de tout une esthétique. Si l'opinel est bien dans l'esprit de tous synonyme de canif, le nom est toujours protégé par copyright. Tout canif Opinel porte la marque distinctive de la "Main couronnée" qui est l'emblème de St-Jean de Maurienne. Cette marque est peinte ou imprimée sur le manche, et estampillée dans l'acier de la lame. C'est en 1890 que Joseph Opinel, taillandier comme son père, imagina de fabriquer des couteaux alors que le commerce traditionnel consistait de haches, serpettes et autres pioches. Le canif qui résulta de cette idée n'a pas pris une ride en plus de cent ans d'existence. Le dessin en est si simple et élégant qu'il fut consacré il y a quelques années par le catalogue du célèbre Museum of Modern Art (MOMA) de la ville de New York. L'usine de Cognin fabrique actuellement quelque 20,000 Opinels par jour et emploie 140 personnes. Le canif pliant existe en treize formats, du minuscule No 1 pour curer la pipe au No 13 pour découper les quartiers de viande, mais ce sont les No 7 et 8 qui se trouvent le plus fréquemment dans les poches des Savoyards. De nouvelles variantes, avec des manches en bois précieux, ainsi qu'avec des lames en acier inoxydable, sont actuellement disponibles. Si la gamme s'est diversifiée et améliorée (les Américains voulant des lames en inox), l'actuel patron de la maison, Maurice Opinel, n'a jamais dénaturé l'âme des couteaux inventés par son grand-père.
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